Les Organisations nationales et régionales du l’Agriculture Familiale contribuent à l’élaboration de la Décennie pour l’Agriculture Familiale 2019-2028.

Les Organisations de l’Agriculture Familiale considèrent que la Décennie pour l’Agriculture Familiale (2019-2028) de l’ONU offre une opportunité unique de développer des politiques publiques pour le soutien de l’agriculture familiale partout dans le monde. Pour faciliter la mise en œuvre nationale, régionale et mondiale de la Décennie, un Plan d’Action est en cours d’élaboration à partir des données recueillies lors d’un processus de consultation mondiale mené par la FAO et le FIDA par le biais d’un questionnaire en ligne et d’entretiens directs, permettant ainsi d’obtenir des informations sur tous les acteurs concernés. Le FRM s’est engagé à participer à ce processus de consultation en interrogeant plusieurs Organisations et Comités Nationaux de l’Agriculture Familiale.

Dans le cadre du processus de consultation, 44 entretiens ont été réalisés par le FRM à deux niveaux. Au niveau national, 34 entretiens ont été réalisés, principalement avec des Comités Nationaux d’Agriculture Familiale (CNAF Tanzanie – TANCOFF, CNAFOuganda – SWAGEN, CNAF Kenya – Inades Kenya, CNAF Tchad – Inades Tchad, CNAF Sénégal – CNCR, CNAF Togo – Inades Togo, CNAF Côte d’Ivoire – Inades Côte d’Ivoire, CNAF Hongrie, CNAF Burkina Faso – CPF, CNAF Guinée-Bissau, CNAF Burundi – FOPABU, CNAF Gambie, CNAF Madagascar – FIFATA, CNAF Niger, CNAF Nigeria, CNAF Indonésie, CNAF Macédoine, CNAF Costa Rica, CNAF El Salvador, CNAF Bolivie, CNAF Colombie, CNAF République Dominicaine, CNAF Honduras, CNAF Paraguay, Plateforme pour l’AF en Albanie, CNAF Népal, CNAF Kirghizistan, CNAF Philippines, CNAF Inde, CNAF Ghana) et avec des organisations nationales d’agriculteurs (Farmers Union Network of Liberia, Plateforme Nationale des Organisations Paysannes et de Producteurs Agricoles du Bénin, MUCECH Chiliet CNFR Uruguay).

Au niveau régional, 10 autres entretiens ont été menés avec des organisations régionales du l’Agriculture Familiale : RBM, SACAU, PROPAC, UNMAGRI, ROPPA, EAFF, COPROFAM, PDRR, PIFON, AFA.

Les résultats montrent un engagement important de la part des CNAF et des organisations régionales du l’Agriculture Familiale pour contribuer à l’élaboration du Plan d’Action de la Décennie, indiquant également leur énorme investissement pour la Décennie pour l’Agriculture Familiale. Quelques-uns des points les plus remarquables soulignés par les organisations sont mentionnés ci-dessous.

Tout d’abord, il existe une demande constante pour des politiques publiques – au-delà d’un changement des représentants gouvernementaux – afin de relever les défis liés à : l’accès au marché, au crédit, aux ressources financières, à l’assurance, à la terre, aux semences, au stockage des eaux et aux systèmes d’irrigation etc. L’amélioration des politiques publiques devrait être abordée sous différents angles:

  • De nouvelles mesures axées sur l’agriculture familiale. Certaines lois et cadres législatifs devraient être révisés et mis à jour conformément aux besoins des agriculteurs agricultrices familiales.
  • Le développement de mesures et de programmes actifs pour la mise en application de lois et de politiques ; la réforme des cadres institutionnels, l’allocation de fonds et le développement des règlements correspondants pour leur mise en application au niveau de l’état, des provinces et des villages.
  • Les lois et les règlements recommandés par les organisations agraires et les autres acteurs devraient améliorer la qualité de vie des familles d’agriculteurs et agricultrices. Il est nécessaire de montrer l’impact de ces mesures et les organisations d’Agriculture Familiale souhaiteraient participer à leur suivi. Promotion d’une supervision des affaires publiques par les agriculteurs et agricultrices familiales.

Les organisations interrogées ont souligné la nécessité de développer un cadre législatif et réglementaire relatif à la Protection Sociale pour les agriculteurs et agricultrices et assumé par l’État et l’Assurance Agricole. Ce sont des moyens de protection contre les effets du changement climatique et qui pourraient également faciliter l’accès au crédit, rendre les entreprises moins vulnérables face aux risques climatiques, promouvoir les variétés locales etc.

De plus, un accent très important a été mis sur la nécessité de promouvoir l’accès à des systèmes de marché efficaces et fonctionnels dans les zones rurales afin d’améliorer les capacités de négociation des agriculteurs et agricultrices familiales. La promotion des produits issus de l’agriculture familiale et la consommation de produits locaux, dans le but d’encourager les réseaux alimentaires locaux et la valorisation des produits locaux, ont également été soulignées lors de plusieurs entretiens.

Il apparaît également important de promouvoir la capacité de renforcer les organisations d’agriculture familiale (y compris par l’institutionnalisation) et par conséquent leur participation dans le développement des politiques publiques. Les résultats des entretiens ont également souligné l’importance de formations pour le développement du leadership, des partenariats et des coopératives, ainsi que d’autres aspects pertinents tels que : le renforcement de la capacité à superviser les exploitations agricoles et l’amélioration des capacités de négociation des agriculteurs et agricultrices ; l’accès à l’information concernant les marchés et les tarifs en vigueur ; la mise à disposition de services de vulgarisation et la production de données de qualité par les organisations agraires.

Dans certains pays d’Afrique en particulier, il est nécessaire de reconnaître le statut de la profession d’agriculteur et agricultrice familiale : dans ces zones, d’importantes dispositions législatives devraient être mises en œuvre, telles que l’enregistrement des exploitations d’agriculture familiale et l’établissement de mécanismes de protection sociale pour les exploitants.

Concernant la jeunesse, on constate l’absence d’une réelle intégration sociale et économique des jeunes, sur tous les continents, ainsi que des taux élevés d’émigration. La plupart des propositions concernaient la promotion de la production de valeur ajoutée, l’accès aux nouvelles technologies et aux technologies adaptées et l’utilisation des réseaux sociaux pour l’agriculture. L’accès à la terre est une préoccupation majeure pour la plupart des jeunes, en lien avec la question de la gouvernance dans l’exploitation familiale et, par conséquent, le besoin d’émancipation et d’autonomie au sein de la famille.

Concernant le genre, l’Agriculture Familiale est souvent désignée comme étant « axée sur les femmes » mais c’est en réalité une question complexe alimentée par de nombreux avis différents. Une Politique pour l’Autonomisation des Femmes a été suggérée afin d’accorder une priorité aux femmes dans l’accès à la terre, au crédit etc.

Les Comités Nationaux d’Agriculture Familiale (CNAF), en tant que plateformes de dialogue incluant les différents acteurs de l’agriculture familiale pour débattre de meilleures politiques publiques à mettre en place, sont perçus comme des espaces clés pour la mise en œuvre de la Décennie et d’autres points majeurs. Pendant la Décennie, il sera important de promouvoir leur reconnaissance officielle, notamment en facilitant le dialogue avec les gouvernements et/ou la participation de hauts représentants ministériels dans les CNAF. Il sera également important de renforcer leur représentativité en encourageant la participation de davantage d’organisations agraires.

Cet important effort réalisé par les CNAF et les organisations régionales du l’Agriculture Familiale, ainsi que toutes les propositions pertinentes collectées au cours du processus de consultation, seront pris en considération lors de l’élaboration de l’avant-projet du Plan d’Action de la Décennie.

Lors de la VIème Conférence Mondiale sur l’Agriculture Familiale qui aura lieu à Bilbao, l’avant-projet du Plan d’Action de la Décennie pour l’Agriculture Familiale sera examiné par des représentants des organisations agraires, des représentants de plusieurs gouvernements, des organismes internationaux (comme la FAO et le FIDA), les CNAF, des associations de développement rural, des coopératives et des centres de recherche des cinq continents.

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